Rechercher dans ce blog

samedi 24 mai 2014

La prison intérieure



Un autiste est-il si différent des autres ?

Dans son ouvrage « Je suis à l’Est ! », Josef Schovanec, polyglotte, diplômé de Sciences Po, et Docteur en philosophie, nous partage son propre parcours d’autiste. Un portrait qui nous montre que tant les difficultés que les grandes capacités des autistes seraient peut-être tout simplement dues à une sensibilité particulièrement accrue…

images (13) 


L’une des définitions les plus anciennes et les plus récurrentes de l’autisme tient à l’analogie avec une prison intérieure. Ou forteresse vide, pour les amateurs de l’histoire de la psychiatrie. Des variantes existent, par exemple avec la question, diagnostic ultime, posée par ce psychiatre à l’un de mes amis : « Quand vous marchez dans la rue, est-ce que vous vous sentez sur une île déserte ? » Réponse : « Non. » Conclusion : « Donc vous n’êtes pas autiste, au revoir. » Encore faut-il ne pas confondre l’autisme avec un fantasme de lieu de villégiature – obtenu d’ailleurs peut-être grâce à l’argent dudit autiste. 

Plus sérieusement, je me demande quelle est la prison intérieure des gens en général. Je connais des personnes qui passent pour parfaitement normales, qui vont travailler le matin, restent au bureau le soir jusqu’à je ne sais quelle heure, puis prennent le métro, rentrent chez elles, regardent la télé pendant une heure, se font à manger, se couchent, avant de recommencer le lendemain. Quand on entame une conversation avec elles, il y a peut-être deux ou trois sujets à aborder, et en dix secondes on est déjà parvenu au bout de leurs convictions. Par exemple, elles soutiennent tel ou tel club de foot, votent pour tel ou tel parti. Quand on essaie de leur demander pourquoi, elles répondent : mais tu vois bien que l’autre, c’est un imbécile ! Lui, il va gagner, c’est évident, vous avez vu comme l’autre est nul ! Ces gens-là sont considérés comme normaux et libres. Si on prend la peine de regarder honnêtement les personnes avec autisme, je crois qu’elles manifestent pour beaucoup, sur un bon nombre de points, une plus grande souplesse que ces autres personnes.